Syndrome du canal carpien : êtes-vous à risque ?
  • Maladie
Publié le 9min

Syndrome du canal carpien : êtes-vous à risque ?

Le syndrome du canal carpien est un trouble musculosquelettique fréquent, qui touche davantage les femmes que les hommes, souvent à partir de 40 ans, avec une incidence plus élevée autour de la ménopause. Environ 130 000 personnes sont opérées chaque année en France, hommes et femmes confondus. Y a-t-il des facteurs de risque ? Quels sont les symptômes ? Quels sont les traitements ?

Comment s’exprime le syndrome du canal carpien (SCC) ?

Le canal carpien est un passage, sorte de tunnel, entre l’avant-bras et la main. Il est fait de petits os, à la base de la main, dits « os carpiens » et des ligaments du poignet. Dans ce tunnel passent plusieurs tendons et muscles qui permettent de fléchir les doigts, ainsi que le nerf médian. Ce nerf se ramifie pour innerver les trois 1ers doigts et la moitié de l’annulaire. C’est par lui que passent les informations pour le contrôle des mouvements des doigts et de la main. Il en commande la sensibilité et en permet les mouvements.

On parle de syndrome du canal carpien lorsque ce nerf médian est comprimé au niveau du poignet. Cette compression génère des symptômes au niveau de la face interne des parties qu’il innerve :

  • Fourmillements, picotements
  • Engourdissement de la main
  • Douleur, brûlure pouvant irradier le poignet et l’avant-bras et pouvant persister la nuit avec les mouvements réalisés pendant le sommeil
  • Perte de sensibilité, avec maladresse, difficulté à saisir

Quelles sont les causes de la compression du nerf médian ?

Il peut y avoir une diminution du diamètre du canal, consécutive notamment à une fracture, de l’arthrose ou traumatisme local.

Il peut aussi y avoir une augmentation du volume des gaines tendineuses des fléchisseurs, sous l’effet d’une inflammation. Le gonflement des nerfs, muscles et tendons réduit l’espace et comprime le nerf.

Comprendre le syndrome du canal carpien

 

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Quels sont les facteurs de risque ?

On note plusieurs types de facteurs

1. Des facteurs mécaniques

Ils sont dus à la réalisation de gestes répétitifs, de gestes qui demandent une force ou des tractions de la main et du poignet, ou encore de manipulations qui entrainent des vibrations dans les articulations, etc. Le SCC peut d’ailleurs, pour certaines professions, être reconnu comme maladie professionnelle.

Les personnels les plus touchés relèvent des secteurs du nettoyage, de l’agro-alimentaire, de la couture, des chaines de fabrication, de l’hôtellerie et restauration, des travaux publics et du bâtiment. La liste n’est pas exhaustive, d’autres professions peuvent concernées, comme les personnes travaillant sur ordinateur, sur un bureau trop bas ou trop haut, ou prenant appui trop souvent sur les poignets.

2. Des facteurs hormonaux

Comme la ménopause et la grossesse, qui peuvent générer de la rétention d’eau avec gonflement des tissus.

3. Des facteurs métaboliques

Essentiellement :

  • Le diabète, les sucres déposés en excès sur les tendons entrainent une inflammation qui ne leur permet plus les mêmes mouvements.
  • L’obésité qui peut impacter la morphologie du poignet
  • L’hypothyroïdie qui entraine aussi des troubles neurologiques et de la rétention d’eau qui peut gêner le canal carpien.
  • L'acidose métabolique qui est un trouble de l'équilibre acido-basique peut entrainer des dépôts de cristaux acides sur les tendons. A ce titre, la goutte est un facteur de risque.
  • L’amylose avec le dépôt sur les tendons d’une substance amyloïde (protéine soluble qui est normalement éliminée chez les personnes saines). Elle peut être associée à la dialyse rénale, ou être d’origine cardiaque.
  • L’inflammation chronique, comme la polyarthrite, etc.

4. Des facteurs anatomiques

Comme les malformations du poignet, anomalies osseuses, arthrose, etc.

5. Des facteurs traumatiques

Comme les fractures, entorses, luxations, etc. D’autres facteurs, comme les kystes, tumeurs peuvent encore être à l’origine du SCC. La cause peut parfois ne pas être apparente. On parle alors de cause idiopathique, situation assez fréquente.

Diagnostic et traitement

Si des symptômes apparaissent, mieux vaut ne pas attendre pour consulter. Une prise en charge rapide évite que le nerf médian subisse des lésions trop importantes qui pourraient affaiblir la récupération ou la rendre plus longue.

comment diagnostiquer le SCC ?

Souvent l’examen clinique qui consiste à évaluer la sensibilité et les mouvements des doigts suffit.

Le médecin peut réaliser des tests de provocation. Par différentes manipulations du poignet et de la main, il reproduit les symptômes que le patient ressent dans son quotidien : tapotements de la face palmaire du poignet au niveau du passage du nerf médian dans le canal carpien (test de Tinel), flexion des poignets en les positionnant l’un contre l’autre faces dorsales (test de Phalen), pression sur le poignet en position neutre (test de compression du nerf médian).

Si besoin, le médecin peut faire pratiquer un test de conduction nerveuse : un électromyogramme, qui permet de calculer le débit d'électricité dans le nerf et faire une estimation sur la faculté de récupération. Une vitesse de conduction du courant électrique éloignée des valeurs normales atteste de la présence du SCC. D’autres examens peuvent encore être prescrits pour rechercher la cause comme une radiographie ou une échographie.

Comment traiter le SCC ?

Il arrive que le SCC régresse et disparaisse de lui-même (environ 1/3 des cas), comme après une grossesse, mais les récidives restent possibles. Une infiltration de corticoïdes et d’analgésiques peut parfois suffire pour contrôler les symptômes.

Les cas les plus graves sont pris en charge chirurgicalement, pour décompresser le nerf médian (généralement, c’est une chirurgie ambulatoire). Le port d’une attelle, si elle peut être utile dans la journée, est surtout recommandée la nuit pour éviter de replier la main pendant le sommeil.

 

Si le SCC est consécutif à une gestuelle non appropriée, notamment dans le cadre du travail, un aménagement plus ergonomique est si possible à mettre en place. L’objectif, quelle que soit la cause, est de maintenir le poignet en position neutre, le plus possible. Il est aussi envisageable de soulager les symptômes en :

  1. Massant doucement la paume de la main et le poignet, avec simplement une huile végétale (noyau d’abricot, amande douce …) ou en y adjoignant des huiles essentielles comme la gaulthérie (anti inflammatoire), la lavande fine (décontractant), la menthe poivrée (décontractant et anti-douleur). L’utilisation des huiles essentielles peut présenter des contre-indications. Renseignez-vous auprès d’un professionnel.
  2. Massant avec une crème à base d’arnica, d’harpagophytum (anti-inflammatoire), les deux crèmes peuvent être alternées.
  3. Appliquant des cataplasmes d’argile verte (anti-inflammatoire) très localement à l’intérieur du poignet.
  4. Utilisant le chaud et le froid, en alternance, avec des compresses.
  5. Pratiquant des étirements doux.

Une alimentation riche en anti-inflammatoire est préconisée avec entre autres du curcuma, des omégas 3 et graines de lin. On recommande aussi du magnésium pour son effet relaxant musculaire (céréales complètes, noix de cajou, amande, laitue de mer, etc.).

 

Le traitement du syndrome du canal carpien dépend de sa gravité et de l’importance de la compression, c’est à dire de la sévérité des signes cliniques et électriques. Une prise en charge rapide peut permettre d’éviter la chirurgie, en évitant une atteinte trop importante du nerf médian, avec le risque d’une récupération partielle. Dès les premiers symptômes, notamment le ressenti de fourmillements, il ne faut pas hésiter à consulter, sans attendre la manifestation de fortes douleurs.

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